Suis-je fait pour devenir trader ?
Après avoir répondu a la question « Le trading est t’il inaccessible ou accessible » dans notre dernier article, nous allons aborder aujourd’hui un point capital du trading: La psychologie.
Introduction : De plus en plus de personnes se tournent aujourd’hui vers le trading, que cela nous plaise ou non, c’est une activité qui se démocratise doucement mais sûrement.
En effet il n’y a qu’à voir le nombre de blogs, groupes facebook, traders auto-proclamés qui revendiquent ce statut, à tort ou à raison. L’attrait pour cette activité est quelque chose de positif dans l’ensemble, mais bien trop de gens qui se lance ne savent pas réellement où ils mettent les pieds. Attiré par l’argent facile ou par le prestige du statut, les faits sont là : 90 à 95% des traders particuliers sont des “traders” perdants.
Il n’y a qu’à se pencher quelques instants sur les comptes-rendus de l’ A.M.F (Autorité des Marchés Financiers) pour se rendre compte de la dure réalité des choses.
Si des chiffres comme ceux cités précédemment sont aussi significatifs, c’est que nous faisons face à un comportement de masse. Et qui dit comportement de masse, dit également psychologie de masse !
Nous allons nous pencher sur les facteurs psychologiques qui peuvent coûter cher à votre compte en banque mais également à votre égo.
Aspect technique
Une seule question : Qu’est-ce qui vous motive ?!
Cette question peut surprendre par sa simplicité, et pourtant …
Rappelez-vous, 90 à 95% des particuliers qui passent des ordres sur les marchés financiers perdent de l’argent.
Même si l’aspect technique dans le trading est quelque chose de primordial qu’il faut maîtriser parfaitement, la majorité des gens ne voit pas ce qu’il se cache derrière, la bête tapis dans l’ombre.
Au même titre qu’un trader qui se lance sur les marchés sans se former, un artisan boulanger ne sera pas en mesure de vous faire du pain s’il n’a pas appris “la formule” qui lui permet d’assembler correctement ses ingrédients.
Mais cette formule ne sera malheureusement pas suffisante.
En effet, le boulanger devra se lever en plein milieu de la nuit pour travailler. S’il n’est pas capable de se sortir du lit lorsque son réveil sonne, ses connaissances techniques, aussi pointus soient-elles, ne lui seront d’aucuns secours ; son entreprise est condamnée et le dépôt de bilan n’est pas loin.
Vous commencez à voir où je veux en venir n’est-ce pas ?
Un trader qui veut s’imposer sur les marchés et vaincre, sera bien évidemment un bon technicien, mais ses motivations profondes et sa manière de concevoir son activité fera toute la différence. Bien trop de particuliers sont surpris de découvrir en réalité que cette bête tapis dans l’ombre, c’est eux-même !
Faisons un exercice de sincérité : combien croyez-vous qu’il y a de traders particuliers qui travaillent avec une réelle passion et en étant totalement désintéressés de l’argent ?
5% peut-être… ?
Dans quelles catégories êtes-vous ? Qu’est-ce qui vous motive ? L’argent facile ?
Si c’est votre cas, alors gagnez du temps et passez votre chemin, c’est peut-être l’un des conseils les plus précieux (et gratuit) que je vous offre. Si l’argent est votre moteur, alors vous n’aurez pas la force nécessaire de vous confronter à vous même et d’en sortir plus grand. Les motivations matériels sont rarement les meilleures car elles découlent généralement de frustrations et qui dit frustration dit émotions.
Psychologie des marchés financiers / Psychologie des masses
Avant tout il faut comprendre une chose : les marchés financiers évoluent avec bien plus de fluctuations que ce que le fondamental (les faits concrets, empiriques) ne le voudrait.
Pour illustrer cette réflexion, les exemples ne manquent pas, malheureusement ;
Qu’il s’agisse de “l’effondrement” de la Livre Sterling à la suite de la proclamation du Brexit, de la réaction des marchés US face à l’élection de Trump, ou encore de la crise des Subprimes en 2008, les craintes et la peur (entre autre émotions) des investisseurs ont été l’élément déclencheur qui ont fait basculer les marchés.
L’exemple de la crise des Subprimes en 2008 est un cas d’école pour comprendre l’importance que les émotions humaines et la psychologie peuvent avoir sur les marchés ; en effet il s’agissait ici d’une euphorie généralisée dans le secteur de l’immobilier qui a provoqué une démesure de la part des banquiers qui ne refusaient presque aucunes demandes de prêts de la part des particuliers, les incitant même parfois (cupidité qui s’explique par les taux d’intérêts de l’époque qui étaient particulièrement bas, donc pour faire des bénéfices conséquents, il fallait jouer sur le nombre ! “Mon prêt n’est pas cher, mon prêt c’est le plus beau, venez emprunter chez nous !”)
Les particuliers se sont donc mis à emprunter en masse ! Qui refuserait une belle maison dans un beau petit pavillon de banlieue pour pas cher ?
L’appât du gain de la part des banques et des investisseurs et le manque de lucidité de la part des particuliers (aveuglés par leur future maison toute neuve et pas cher) étaient les prémices de cette crise. Lorsque ces derniers n’étaient plus en mesure de rembourser leur prêt, les ennuis commencèrent…
Les faits étaient pourtant là, pour ceux qui voulait voir. Il a tout de même fallu “toucher le fond” pour se rendre compte des conséquences et vous connaissez la suite. La crise s’étendit jusqu’en Europe et a fait des ravages pendant plusieurs années.
Psychologie individuelle, passage en revue des émotions primaires
Nous allons ici évoquer quelques émotions propres aux traders qui sont souvent à l’origine de mauvais comportements. Toutes ces émotions sont difficiles à maîtriser car leur apparition découle d’un jeu de cause à effet qui est en règle générale affreusement logique.
Nous ne sommes pas des machines !
L’important n’est pas l’effet qui précède la cause, ni même la cause elle-même, mais la manière dont vous allez gérer ces émotions qui en résulte.
Le fait de savoir comment et pourquoi ces émotions vous assaillent vous aideront à les maîtriser. C’est un exercice difficile car nous devons faire preuve d’abnégation pour ne pas que ce processus émotionnel nous impact dans notre travail.
1/ La peur : émotion bien connue des débutants, la peur est généralement caractérisée soit par un manque de confiance en soi, ou un manque de technicité dans son travail (qui génère un manque de confiance en soi …).
Le non respect de la méthodologie, de son money-management sont également des éléments qui vous feront tomber dans cette émotion forte.
La peur est le socle idéal à d’autres émotions négatives qui peuvent venir se greffer dessus. Il ne s’agit pas ici de dominer cette peur, mais d’être en mesure de l’éviter, définitivement. C’est l’une des rares émotions sur laquelle vous pouvez avoir le dessus en étant cohérent dans votre travail et en adoptant un comportement “professionnel”.
2/ L’euphorie, la cupidité et l’excès de confiance : L’euphorie, la cupidité et l’excès de confiance sont des émotions aussi dangereuses que toutes les autres. Elle surviennent généralement lorsque tout se passe bien, c’est leur côté sournois… Vous entrez sur un marché après avoir fait votre analyse au préalable, tout se déroule comme prévu, même un peu mieux que prévu. Vous regrettez alors soudainement d’avoir respecté votre money management à la lettre !
Dans ce cas précis, l’euphorie vous fera alors faire ce que vous n’aurez jamais fait en temps normal : re-rentrer en position sur le même actif, avec un taux d’exposition bien plus élevé que ce que la morale et le professionnalisme vous impose. Vous gagnez de l’argent et vous en voulez plus, rapidement.
3/ La dernière émotion que nous allons voir ensemble et un passage obligatoire pour tous les traders ( pros ou amateurs ). Je vous présente la frustration ! Cette dernière naît généralement dans les moments les moins glorieux. Elle testera votre patience et votre force d’esprit. Y répondre favorablement et sortir d’un “combat” avec la frustration nécessite beaucoup de sang froid. Vous aurez tendance à revoir votre méthodologie, à douter de vous et de vos mentors/professeurs.
Tous les traders (traders professionnels inclus) accusent des pertes. Je ne connais aucun trader qui n’a jamais terminé un mois de sa carrière dans le rouge, si quelqu’un vous dit le contraire, fuyez !
La faculté à gérer ses passages à vide, à croire fermement à votre stratégie malgré les “montants en rouge” sur votre carnet d’ordres qui s’accumulent n’est pas chose facile. Ce que vous allez alors considérer comme de la logique (qui n’en ai pas) dans ces moments peut vous coûter cher. Il n’y a pas en bourse de stratégie miracle, pas de stratégie 100% gagnante, cela n’existe pas ! Une bonne stratégie est une stratégie où les gains couvrent vos pertes, et vous rapportent des bénéfices supplémentaires. Il y aura donc des pertes ! Vous préparez à cela vous fera gagner du temps et du pragmatisme. Si la frustration pointe son nez, éteignez vos écrans, allez faire votre sport, votre randonnée ou terminez les travaux qu’il reste à faire dans votre maison, mais quittez votre ordinateur !
“Demain est un autre jour”
Conclusion : Vous l’aurez compris, les émotions sont l’ennemi numéro 1 du trader. Voici quelques conseils pour vous permettre de faire partie des 10% :
Votre égo sera généralement le premier élément destructeur de vos projets (que l’on parle de trading ou d’un tout autre sujet d’ailleurs).
Apprenez à vous contrôler, faites connaissance avec ces ennemis que vous croiserez fatalement un jour ou l’autre.
Ce dernier conseil résumera tout :
Tradez avec votre cerveau, pas avec votre coeur !
Pierre-etienne PREDHOMME
Trader en compte propre depuis 3 ans. Ex-rédacteur pour Admiral Markets.